Le 9e numéro de Los vient de sortir. Comme toujours il est objectivement particulièrement beau (ce qui ne gâche évidemment rien) et présente un sommaire vraiment ouvert et varié en mettant quelque peu de côté cette fois les « gros machins » pour partir à la découverte de nouveaux horizons. Qu’on en juge déjà par la couverture mettant en scène le Pacifique, précisément Okinawa, avec une sorte de reportage sur un obscur porte-avions d’escorte américain, le petit CVE-106 Block Island, illustrant l’importance et le rôle de ces dizaines de bâtiments d’escorte, véritables « petites mains » de l’aéronavale alliée au rôle essentiel bien que parfois négligé au profit des plus impressionnants grands porte-avions d’escadre.
Difficile au sein de ce numéro de ne pas trouver de quoi assouvir son intérêt : la traque du Scharnhorst par la Royal Navy et la bataille du Cap Nord; la suite de l’odyssée du SMS Emden au début de la Grande guerre; une vraie curiosité avec l’histoire des sous-marins cargos « géants » américains et pour la partie actualité, une mise en perspective des tensions navales inter coréennes depuis les années 60, sans oublier les diverses rubriques.
Et le Cliophage dans tout ça ? Il va bien et vous remercie. Plus sérieusement, je suis heureux et fier ici d’avoir la possibilité de me faire pionnier d’une ouverture du titre aux racines de la guerre navale moderne et plus précisément un épisode certes classique du genre mais emblématique entre tous : la fameuse bataille d’Hampton Roads des 8 et 9 mars 1862 conduisant à la mythique rencontre Monitor / Virginia-Merrimack, triple révolution marquant à la fois l’arrêt de mort programmé de la marine de guerre à voile, le début de l’ère de la cuirasse triomphante et celle de la tourelle mobile.
Je n’ai pas encore eu la chance de lire l’article à propos du combat d’Hampton Roads mais je tiens à faire une petite remarque. Ce combat étant le premier affrontement entre cuirassés, on a parfois tendance à penser (je l’ai souvent lu ou entendu) que les américains étaient les « inventeurs » du cuirassé. C’est oublier bien vite qu’en mars 1862, la Marine française comptait déjà dans ses listes de nombreux cuirassés, de type la Gloire et la Couronne, bâtiments de haute-mer bien plus évolués que le Monitor et le Virginia.
Bien sûr, et je ne manque pas d’évoquer la paternité européenne (la Gloire et le Warrior en particulier). Hampton c’est le premier affrontement entre navires « de fer » et avec le Monitor le tout premier déploiement d’un « cuirassé » à tourelle blindée mobile. Par ailleurs, on doit reconnaître à ces deux navires « improvisés » des design très « avancés » qui tranchent avec la simple transformation de la coque de bois en une coque de fer sur une frégate de conception classique (les exemples US de ce type seraient alors plutôt le New Ironsides ou le Galena). Mais il faut toujours rendre à César, c’est juste 🙂