Stalingrad massengrab ! Mais pas que…

« Stalingrad fosse commune, toutes les 7 secondes tombe un soldat allemand ».

L’air est connu tout comme le désastre infligé par l’Armée rouge à la 6e armée allemande accrochée à Stalingrad au cours de l’hiver 1942-43 est entré dans l’histoire comme le début de la fin pour un 3e Reich qui, devant être millénaire ne dura heureusement qu’un peu plus d’une (longue) décennie.

Au delà de la bataille elle-même dont le déroulement dramatique est abondamment disséqué dans de très nombreux ouvrages et articles spécialisés, le n°46 du magazine 2e Guerre Mondiale a choisi de nous présenter l’évènement sous un angle différent. En l’espèce, le dossier central du numéro que j’ai eu l’honneur le plaisir et l’avantage de rédiger pose tout au long de ses 24 pages la question des conséquences politiques et géopolitiques de la bataille. En d’autres termes : en quoi les évènements de Stalingrad modifient-ils relations et perceptions réciproques au sein même des alliances antagonistes, la « Grande Alliance » soviéto-occidentale d’un côté, l’Axe de l’autre ?  

Ce numéro poursuivant, et de fort belle manière au demeurant, le « relooking » entamé depuis quelques mois (citons au passage, c’est si rare, le maquettiste Guillaume Laugier), sort décidément de la vulgate militaro-militaire en abordant (sous la plume de Franck Segrétain) la question douloureuse de la police de Vichy* et celle, controversée et tout aussi polémique, de l’histoire du PCF du Pacte germano-soviétique d’août 1939 à l’unification de la résistance sous l’égide du CNR (mai 1943).

Vous y trouverez en outre la suite de l’étude de Philipe Listemann consacrée à l’aviation finlandaise (période guerre de continuation, 1941-44) ainsi que les diverses rubriques – uniformes, matériels – et les chroniques « écrire l’histoire » : Le camarade Stéphane Mantoux (de l’excellent Historicoblog d’à côté) revient sur le mythe Rommel tandis que votre serviteur, à la suite du grand débat ayant eu lieu ici même, tente de faire le point sur le pauvre historien rédacteur de presse devant faire face au désormais célèbre German Bias.

A noter enfin, last but not least, l’intervention du professeur Jean-François Muracciole (Montpellier 3) qui entame dans ce numéro une réflexion à suivre sur la notion de bombardement stratégique. Celle-ci fut théorisée dès avant que n’existent les armes capables de le mettre en oeuvre, et le fut indéniablement dans une perspective étymologiquement « terroriste », c’est à dire comme une arme psychologique contre les populations.

* La ville de Vichy lassée (on peut le comprendre) de l’image désastreuse l’associant systématiquement au régime honni s’est lancée dans une campagne de lobbying destinée à exclure toute mention s’y rapportant pour cette  période : il faudrait désormais évoquer non plus le « régime de Vichy » mais la « dictature de Pétain ». Un projet de loi serait en préparation dans ce sens. Si vous avez un avis définitif sur cette question, moi pas… Affaire à suivre en tout cas…

A propos Cliophage

Historien et Journaliste; Spécialiste d'histoire militaire contemporaine (XIXe - XXe siècle), défense & plus si affinités
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5 commentaires pour Stalingrad massengrab ! Mais pas que…

  1. Merci pour la citation !
    J’espère pouvoir encore « pondre » d’autres articles pour le magazine.

    Cordialement.
    P.S. : pas encore lu l’ensemble dont le dossier, mais je reviendrai après.

  2. Étrange cette histoire avec la ville de Vichy… Le nom officiel du régime mis en place par Pétain était bien le « régime de Vichy », ce n’est pas la plus belle page de l’histoire de la ville mais c’est comme ça, on ne va pas refaire l’Histoire. Après je peux comprendre que les quelques idiots qui imaginent que tous les habitants de la ville étaient des collabo sont susceptibles de lasser les Vichyssois, mais le fait de ne plus parler de « régime de Vichy » ne va rien changer au fait que le gouvernement de Pétain s’est effectivement installé à Vichy. Bref je trouve l’idée stupide car tout à fait inutile.

    • Cliophage dit :

      En ces temps de marketing échevelé, l’image renvoyée par une entreprise, une ville, une région et même un individu est un enjeu majeur. Les côtes du Nord sont devenues « d’Armor », la Charente Inférieure « Maritime », les Basse-Pyrénées « Atlantique », Chalons sur Marne « En Champagne » pour des raisons d’image et de tourisme… C’est vrai que depuis 1940, le nom d’une ville jadis réputée surtout pour son thermalisme, son eau et ses pastilles renvoie désormais presque systématiquement à Pétain, Laval, la collaboration, le Vel d’hiv, Drancy et la Shoah… Il suffit de faire une simple recherche sur google pour s’en apercevoir. Il faudrait d’ailleurs demander aussi aux Sedanais ce qu’ils pensent de l’image de leur ville associée à quelques unes des plus grandes déroutes de notre histoire… 😉

      Encore une fois, n’étant pas plus vichyssois que vichyste (ouf !) et mesurant mal les conséquences induites pour les habitants, je n’ai guère d’avis tranché. Cela dit, en effet, il paraît illusoire si ce n’est un peu ridicule de chercher à modifier l’empreinte de l’histoire. Alésia ? C’est où Alésia ? Personne ne connait Alésia !!!

  3. Hello,

    Un bon numéro en effet, bien équilibré et sortant de l’histoire militaire stricto sensu.
    Concernant Vichy, je pense effectivement que l’effort est un peu vain.

    Cordialement.

  4. Ping : Stalingrad Massengrab ? Oui, aussi… | LE BLOG DU CLIOPHAGE

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